Les Escales en chanson se tiendront cette année du 8 juin au 3 août 2024. Le parcours rassemblera, comme à son habitude, huit chansonneur.e.s de tous les horizons, vivant ensemble des ateliers, des résidences de création et des spectacles. Pour l’occasion, on s’est entretenu avec deux anciennes participantes des Escales en chanson, Sandrine Masse et Luan Larobina, de la cohorte 2023.

« On est devenu une petite famille », énonce Sandrine Masse, musicienne québécoise et wendat.

« Dans une carrière d’auteur-compositeur-interprète, qui est un petit peu isolante, ça fait vraiment du bien d’avoir des gens sur qui se reposer, et à qui on peut demander conseil. Et en plus, les collaborations qui ressortent de ça sont extraordinaires », poursuit-elle.

Les ateliers et les influences interpersonnelles permettent d’élargir le style de composition de toustes les chansonneur.e.s participant.e.s (parlons notamment du rappeur Sam Faye, ayant également pris part à l’édition 2023 des Escales en chanson, qui a avoué qu’il utiliserait dorénavant davantage de mélodies dans ses morceaux). Mais surtout, chacun.e y va à son rythme, explique Luan Larobina.

« On est tous différents à ce niveau-là, lance-t-elle. Pour les ateliers qui étaient donnés, ils nous proposaient des formules. Des fois, tu vas être capable de sortir une chanson la journée même, l’heure qui va suivre l’atelier. Pour d’autres, il y en a pour qui c’est un peu plus long », continue Luan Larobina.

L’artiste de Gaspé estime que les formations des Escales la suivent encore aujourd’hui.

« Quand je suis rentrée chez moi, je faisais référence à des ateliers que j’ai eus, qui m’ont marquée. J’utilisais un peu ma boîte à outils musicale », prononce-t-elle.

L’éclectisme comme mot d’ordre

Luan Larobina est née d’une mère québécoise et d’un père mexico-argentin. Les différentes influences culturelles se ressentent dans sa musique, fait-elle part.

« Des fois je vais écrire des couplets en espagnol, en anglais [et en français] aussi. J’ai réussi à mélanger ça avec les Escales. […] C’est [en écrivant] que j’ai réussi à trouver mon identité, parce que c’est ce qui se rapprochait le plus de qui je suis réellement », dit l’artiste.

Même constat pour Sandrine Masse : l’artiste a su reconnecter avec ses racines autochtones à travers la musique, après une formation d’alto classique dans sa jeunesse.

« J’ai trouvé que c’était une façon extraordinaire de pouvoir exprimer tout ce que je vivais à l’intérieur, confie Sandrine Masse. J’ai toujours aimé composer, mais le milieu classique, ça me mettait un peu dans un carcan », poursuit l’artiste par rapport à cette nouvelle avenue de chansonnière.

Une expérience unique en son genre

Les Escales en chanson débutent à Notre-Dame-des-Prairies, dans Lanaudière, avant de se payer un arrêt aux Francos de Montréal, à Québec, et finalement, au Festival en chanson de Petite-Vallée.

L’escale préférée de Sandrine Masse? « Les spectacles déjeuners de Petite-Vallée!, se remémore l’artiste. Il y avait vraiment une ambiance super chaleureuse, familiale, continue-t-elle. Le public était tellement ouvert et prêt à prendre tout ce qu’on avait à leur donner. Puis c’était en fin de parcours aussi, donc c’était… Je sais pas, c’était un cadeau de pouvoir faire ces spectacles-là. »

L’artiste wendat estime également les efforts posés par Petite-Vallée pour une meilleure représentation autochtone. Le festival avait d’ailleurs accueilli en 2023 le musicien innu Florent Vollant comme artiste passeur.

« Pour moi c’est un exemple à suivre pour les autres festivals au Québec. Avec la réputation qu’ils ont et le chemin déjà parcouru depuis 40 ans, ils ont une voix, ils vont être écoutés. »

Traverser les âges avec Petite-Vallée

Luan Larobina, dans sa vingtaine, porte le Festival en chanson de Petite-Vallée dans son cœur depuis toujours.

« Je me suis inscrite au Camp en chanson de Petite-Vallée [à l’adolescence], exprime-t-elle. Ça m’a lancé sur l’écriture de la chanson. Je me suis intéressée aux artistes québécois, québécoises, poursuit Luan Larobina. Ça a déboulé ensuite. Je me suis inscrite à l’École nationale de la chanson, à Granby, avant de m’essayer aux Escales », poursuit l’artiste.

Les dix mois de formation de l’École nationale de la chanson lui ont davantage appris sur la portion théorique du métier, tandis que les Escales ont permis à Luan Larobina d’entrevoir les activités pratiques d’un.e chansonneur.e, à travers une mini tournée, notamment.

« C’est une expérience très humaine, remplie d’air salin, d’amitié aussi, énumère Luan Larobina par rapport aux Escales en chanson. Tu crées vraiment un beau réseau d’amis. Tu vis pas deux expériences comme ça dans ta vie. »

Sandrine Masse avoue que, dans une multitude d’expériences marquantes durant le parcours, elle retient d’abord les soirées des chansonneur.e.s passées à jouer au jeu de société Codenames. « Nos petites soirées Codenames, je dirais que ce sont des choses qu’on essaie encore de faire maintenant, quand on se rassemble », ajoute Sandrine Masse.

La majorité des chansonneur.e.s des Escales de 2023 s’est justement retrouvée à la fin du mois de janvier 2024 pour le spectacle de Luan Larobina au Verre Bouteille. L’artiste sortira normalement un album dans le courant de l’année.

Encore possible d’y participer

Les inscriptions pour les Escales en chanson de Petite-Vallée sont encore ouvertes, et ce jusqu’au 18 février prochain. Vous pouvez d’ailleurs envoyer votre candidature en cliquant ici. Les Escales en chanson ont accueilli par le passé des artistes comme Klô Pelgag, Philippe Brach, Catherine Major, Étienne Coppée ou Émile Bilodeau.

« C’est quelque chose de tellement unique, ce parcours-là. Il y a pas une résidence pareille. On touche à tout, on rencontre des gens extraordinaires. Juste l’expérience d’être à Petite-Vallée pendant le festival, en soi, c’est inestimable comme privilège », conclut Sandrine Masse.

Photos : Alexya Crôteau-Grégoire et Alexandre Cotton