L’offre et la popularité des festivals en nature, du moins en région, sont foisonnantes au Québec. Presque au point de se dire que ceux qui attirent des foules opaques en ville ont de moins en moins la cote. Dans cet article, on se permet d’explorer les tenants et aboutissants du charme salin balaie le Festival en chanson année après année.

C’est ce qui revient le plus souvent à l’évocation du Festival en chanson de Petite-Vallée, qui célébrait son 40e anniversaire l’été dernier : sa position géographique. Le Théâtre de la Vieille Forge, actuellement en reconstruction après un incendie qui l’a détruit en 2017, a été l’hôte de moments de musique où le temps se suspend, où le seul son qui s’ajoute aux mélodies est celui des vagues.

Petite-Vallée, véritable carrefour pour plusieurs artistes de la chanson au Québec, comme le détaille notre balado Prendre l’air et la chanson, jure avec la frénésie d’une métropole. Festivaliers et festivalières, artistes qui y ont participé, bénévoles et personnes organisatrices, bien sûr, s’entendent : la mer, vue de la municipalité gaspésienne, a ce je-ne-sais-quoi qui sublime la chanson, qui stimule la création.

Un discours auquel adhère l’autrice-compositrice-interprète Gabrielle Shonk, qui a participé au camp chanson à l’hiver 2020, en plein contexte pandémique. « L’endroit a quelque chose de déposé, de concentré, de magique », réfléchit à haute voix la chanteuse en entretien.

Une forme de miracle s’était abattu sur elle et ses collègues artistes à l’époque, alors que les restrictions sanitaires étaient dans un pic de sévérité. Simon Kearney, Simon Lachance, les frères Kinkead, Julyan et Gabrielle avaient pu passer une semaine en résidence de création dans une bulle fermée. « Plusieurs des chansons qu’on a écrites à ce moment-là se sont retrouvées sur nos albums respectifs », indique Gabrielle, comme Quand le calme reviendra dans son cas.

Les fruits du camp ont été présentés lors de l’édition suivante du festival, à l’été 2021. Parce qu’un des buts de cette initiative, et de plusieurs autres cordes à l’arc de Petite-Vallée, comme les cohortes annuelles de chansonneurs, c’est la rencontre, le partage, le foisonnement artistique. « Il y a un réel esprit de communauté, exprime l’autrice-compositrice-interprète. Les gens sont passionnés et liés. »

Une impressionnante brochette d’artistes incontournables au Québec ont passé par le festival et le font toujours, parfois en raison d’un attachement qui ne dérougit pas, comme les Sœurs Boulay, Klô Pelgag, Louis-Jean Cormier, Marie-Pierre Arthur ou encore Philippe Brach.

« S’isoler dans un endroit comme Petite-Vallée et se concentrer sur la musique, c’est tellement positif et productif. Pour moi, c’est la meilleure façon de créer », affirme Gabrielle.